Le terme « cour des miracles » faisait référence à un endroit dans lequel les mendiants venaient se regrouper pour faire l’aumône. Même si les lieux étaient principalement occupés par des personnes défavorisées et des truands, cette communauté était très bien organisée. La milice de l’époque avait même peur d’investir les cours des miracles, tellement elles étaient peu recommandables.
La Cour des Miracles
La cour de miracles désignait un endroit où les mendiants venaient exposer leur infirmité afin d’attiser la pitié des passants. Les lieux s’appelaient ainsi, car les mendiants qui s’y étaient installés disparaissaient sans laisser la moindre trace lorsque la nuit était tombée. Les habitants faisaient référence à ce vide soudain comme une disparition mystérieuse des occupants. Ils utilisaient même l’expression « disparu comme par miracle ».
C’est sous le règne de Louis XIII, et de son successeur Louis XIV, que le phénomène des cours des miracles connaît son plus fort apogée. Au XVIIe siècle, la France connaît un exode urbain très massif. Une multitude de campagnards quittaient leurs cambrousses, et se rendaient en ville dans l’espoir de trouver du travail, mais en vain. Ils finirent par grossir le nombre des miséreux et des défavorisés, qui se comptaient alors par milliers. À cause de la précarité de la vie en milieu urbain, ces rejetons de la société n’eurent d’autres choix que de prendre part au jeu malsain des cours des miracles. C’est alors que de plus en plus de mondes fréquentaient ces ruelles malfamées. Malgré la foule importante qui y circulait, il était très fréquent de rencontrer des personnes victimes d’agression, de vol ou de pillage.
Les cours des miracles étaient fortement marquées par la misère. D’après la description des nombreux auteurs qui ont pu visiter les lieux, c’était la désolation à l’état pur. Dans les quartiers les plus défavorisés, il était même possible de trouver des familles entières logées dans des espaces très cloitrés de quelques mètres carrés.
Mais en plus de son aspect peu recommandable, la cour des miracles était principalement caractérisée par la mendicité. Les mendiants venus des quatre coins de la ville s’y regroupaient pour s’adonner à leur pratique, et ils n’hésitaient pas à exposer leur handicap aux yeux de tous. La grande majorité d’entre eux n’étaient même pas handicapés, mais faisaient tout simplement semblant. De nombreux « faux mendiants » portaient même des déguisements afin de paraître encore plus piteux, et ainsi attiser encore plus de pitié. Le soir venu, ils enlevaient tout simplement cet accoutrement, qui était alors devenu leur tenue de travail.
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Localisation
Dans la grande ville de Paris, il était possible de trouver plus d’une douzaine de cours des miracles. La plus connue était sans doute la Grande cour des Miracles, située au niveau du fief d'Alby. Cette cour est principalement constituée par la rue du Caire, la rue Réaumur, la rue Thévénot, la rue de Damiette et l’impasse de la Corderie. La rue Saint-Sauveur était alors sa principale entrée.
Dans l’actuelle rue Saint-Denis, il était possible de localiser la cour du Roi-François et la cour du Sainte-Catherine. Au niveau de la rue des coquilles, c’était surtout la cour Gentien qui faisait parler d’elle. Du côté de la rue de la Jussienne et Saint-Honoré, il était possible d’apercevoir les cours du même nom.
Ce ne sont là que quelques exemples des cours des miracles les plus populaires, mais il en existe encore plusieurs autres. La Grande cour des Miracles retient plus facilement l’attention du public, car il s’agit d’un emplacement qui a fortement marqué la littérature française. En effet, l’auteur Victor Hugo y fait allusion dans son célèbre ouvrage « Notre-Dame de Paris ».
La Cour des Miracles : une société très bien organisée
Les cours des miracles étaient en grande partie occupées par des mendiants et des voleurs. Cependant, ceux-ci avaient une organisation et une hiérarchisation propre à leur communauté.
Parmi les mendiants, il était possible de distinguer plusieurs catégories. Les narquois étaient, par exemple, de faux soldats au service du roi qui ont été victimes de mutilation. En réalité, ils ne présentaient aucune séquelle que ce soit, et n’ont jamais été au service de la royauté. Parmi les voleurs, les « millards » étaient sans doute les plus craints.
Mais à part les voleurs et les mendiants, les cours des miracles abritaient également des prostitués. De plus, chaque rue était gérée par un « ragot » ou un « chef-coësre » (chef de la pègre). Ils avaient à leur service un genre de sous lieutenant à qui ils pouvaient temporairement confier leur responsabilité.
La fin des Cours des Miracles
En 1667, le roi Louis XIV ordonna de mettre fin aux cours des miracles. Il confia l’exécution de cette lourde tâche à l’officier supérieur Gabriel Nicolas de La Reynie. Malgré les quelques poignées de soldats à sa disposition, il réussit à intimider les truands et à les faire fuir. Cependant, même si la plupart d’entre eux avaient fui, ils revenaient assez régulièrement, et parfois, arrivaient même à reprendre le contrôle des lieux.
Ce n’est en 1784 que les cours des miracles furent définitivement abolies. L’autorité royale de l’époque ordonna la construction d’un marché sur la place de la Grande cour des miracles. Malgré une certaine réticence des nouveaux occupants, le quartier finit par être habité par des forgerons. D’ailleurs, c’est pour cette raison que les lieux portent, aujourd’hui, le nom de « rue de la forge ».